Poulpes, calamars, daurades, courbines, mulets, crevettes…le village de
Ndiago renait de ses cendres depuis quelques jours. Devenue une zone de
reproduction pour de nombreuses espèces, l’activité économique y est en plein
essor da, malgré les nombreuses difficultés (déficit de glace, enclavement des
lieux). Frappés par la crise économique, les pêcheurs de Ndiago qui étaient à
Nouadhibou et à Nouakchott, ont commencé à rentrer au bercail, au grand bonheur
de leurs familles.
Situé à 250 km sur la cote de Nouakchott et à 15 km de la ville de
Saint-Louis du Sénégal, Ndiago attire et séduit de par sa position géographique.
Bâti sur des dunes de sable blanc, le village de Ndiago se trouve à quelques
mètres du Parc National du banc d’Arguin et à 5 h de la capitale, Nouakchott. Sa
population est composée en majoritéde wolof. On y rencontre des dizaines de
maures qui y exercent le métier du commerce. La population vit essentiellement
de la pêche. Zone enclavée, la seule piste qui mène au village, passe à
l’intérieur du Parc National du Banc d’Arguin. Une occasion pour le voyageur de
contempler, les phacochères et les nombreux oiseaux migrateurs du parc. Devenue
zone de reproduction pour de nombreuses espèces de poisson, le village de Ndiago
commence à retrouver son lustre d’antan, grâce à la bravoure et à l’impétuosité
des pêcheurs. Ces derniers qui avaient quitté le village, commence à revenir en
masse. La raison : Un nouvel essor économique créé par une activité qui était
jadis moribonde : la pêche. Aujourd’hui leur seul souci reste le manque de glace
et l’absence d’une route directe et bitumée jusqu’à Nouakchott.
«
On ne comptait que 6 ou 7 pirogues à Ndiago »
Doudou Gaye, pêcheur,
la quarantaine raconte « Avant, tous les pêcheurs s’étaient exilés vers d’autres
cieux. On ne comptait que 6 ou 7 pirogues à Ndiago. 35 maisons étaient fermées à
Ndiago, parce qu’il n’y avait plus d’activités économiques dans le village.
Grâce à Yali N’diaye (président des coopératives le Mool), la vie est revenue au
village. Par sa bravoure et son ingéniosité, il a prouvé aux autres pêcheurs que
la cote est redevenue poissonneuse. En un seul jour, il a changé la vie des
pêcheurs de Ndiago, grâce à ses prises (poulpes, calamars). On devait le
remercier, car c’est grâce à lui que les pêcheurs de Nouakchott et de Nouadhibou
sont rentrés au bercail. Ces derniers n’arrivaient plus à vivre de leurs
activités, depuis quelques mois. Actuellement notre problème majeur reste la
glace et une route pour acheminer nos produits à Nouakchott et vers les autres
willayas. »
Sur la plage des tonnes de poulpes attendent d’être acheminer
vers Nouakchott. Les mareyeurs, venus de la Capitale, chargent les caisses dans
les voitures. Pour ne pas perdre leurs produits, ils conservent les poissons
avec des kilos de glace. Cette glace vient tous les jours de Saint-Louis, car le
village n’a pas d’électricité. Ils regagneront la capitale, le lendemain
matin
« Sans la glace, les poissons pourrissent dans les caisses
»
Mohamed Dièye, pêcheur explique « Notre souci majeur est comment
acheminer les produits à Nouakchott, car il n’ya pas une route directe et
goudronnée qui relie Ndiago à la capitale. Nous avons aussi un problème de
glace, nous sommes obligés d’aller tous les jours à Saint Louis, pour acheter de
la glace. Nous ne pouvons pas faire tous les jours, 250 km aller-retour pour
aller chercher la glace à Nouakchott. Chaque matin, les voitures partent de
Ndiago pour acheminer les poissons à Nouakchott. Sans la glace, les poissons
pourrissent dans les caisses, c’est pourquoi nous sommes obligés d’aller à Saint
Louis. »
« La cote est poissonneuse, parce que la DSPCM a
accompli un travail remarquable au niveau de Ndiago »
Abandonné par
ses enfants depuis des décennies, le village commence à renaitre, grâce au
travail remarquable de Yali Ndiaye, président des coopératives le Mool. Par son
abnégation, li a montré la voie à ses pairs « l’aventure a commencé avec le
poulpe. Au début du mois d’aout, j’avais remarqué sur la plage, la présence des
coquillages. J’ai essayé avec la pêche à la ligne et ca a marché. J’ai essayé de
nouveau avec les pots poulpes et j’ai obtenu le même résultat. Aussitôt, tous
les autres pêcheurs m’ont imité. Depuis lors, le village de Ndiago commence à
renaitre de ses cendres. Les pêcheurs de Nouakchott et de Nouadhibou commencent
à rentrer au village » déclare l’intéressé.
Par dizaine, les mareyeurs
quittent Nouakchott tous les jours pour s’approvisionner à Ndiago.
Selon
Yali Ndiaye, c’est la période du poulpe actuellement « , les mareyeurs achètent
le kilo de poulpe à Ndiago à 2300um et le revendent à Nouakchott à 2600um. Si la
mer est calme, les pêcheurs peuvent avoir 15 tonnes par jour. Actuellement,
c’est la période du poulpe. Il ya d’autres espèces de poissons à Ndiago comme
langouste, sole, mulet, courbine, daurade, « thiof …». La cote est poissonneuse,
parce que la DSPCM a accompli un travail remarquable au niveau de Ndiago. Je
salue au passage, le chef du poste de Ndiago, Mohamed Lemine, qui fait un
travail de titan pour préserver nos cotes. Grâce à lui, Les pêcheurs maraudeurs
n’osent plus s’aventurer sur nos cotes. Les pêcheurs de Nouakchott, viennent
rarement à Ndiago, à cause du long trajet, c’est pourquoi la cote est
poissonneuse. Les produits sont conservés dans des caisses, le matin, les
voitures les acheminent vers Nouakchott. Les voitures sont obligées de passer
sur la cote, pour gagner du temps.
Il poursuit, « On demande au gouvernement
de nous construire une route et une usine de glace pour conserver les produits
halieutiques. Nous voulons aussi que le gouvernement construise d’autres salles
de classes et qu’il réfectionne le dispensaire, car le village commence à se
peupler. Par contre, on déplore les dégâts causés cette semaine par les pêcheurs
sénégalais qui ont détruit par inadvertance, les filets dune vingtaine de
pirogues. Avant il n’y’avait que 6 ou 7 pirogues dans le village, depuis que les
pêcheurs ont su que la cote est poissonneuse, l’activité économique commence à
se développer à grands pas. »
« Je ne pense plus partir
»
Cette activité économique a attiré à Ndiago, « des exilés », des
enfants du village qui avaient fui la misère quotidienne pour se réfugier à
Nouakchott et à Nouadhibou. Bouna Sall , l’un d’eux, raconte« Je suis revenu à
Ndiago, parce que la cote est devenue poissonneuse. La vie est chère à
Nouakchott, j’avais d’énormes difficultés, c’est pourquoi j’ai préféré rentrer
au bercail.
Je suis à Ndiago depuis 5 mois et je ne pense plus partir. J’ai
quitté Ndiago depuis 1973, après je me suis
installé à Nouakchott. Actuellement
le village commence à s’animer, par rapport aux années précédentes où les rues
étaient vides à partir du crépuscule. Fuyant la misère, beaucoup de familles ont
préféré s’installer dans les autres villes côtières. Maintenant ces exilés
commencent à revenir au village. »
Confrontés à d’énormes problèmes pour
acheminer leurs produits à Nouakchott, les pêcheurs voient leurs produits
pourrir sur la plage ou dans les caisses. Un havre de paix qui recèle
d’importants ressources halieutiques : poulpe, calamar, crevette, thiof,
daurade, mulet, courbine, mais qui hélas n’a pas les moyens nécessaires pour
conserver cette richesse.
« Le mono filament détruit les
ressources halieutiques »
Assane Saliou Dièye, la cinquantaine
s’insurge quant à lui, contre l’utilisation du mono filament « La cote de Ndiago
est poissonneuse, mais le mono filament détruit les ressources halieutiques.
J’ai remarqué que le gouvernement ne fait aucun effort pour l’éradiquer. Perdu
en mer, le mono filament crée des dégâts importants. Il tue les bans de poisson,
créant un déséquilibre et un désastre écologique sur la reproduction des
ressources halieutiques. Il faut que le gouvernement prenne des mesures fermes.
Ici à Ndiago on a interdit aux pêcheurs locaux d’utiliser le mono filament.
»
Pécheur invétéré, il parle de ses débuts « Je pratique la pêche depuis de
longues années, j’ai navigué pendant plus de 17 ans dans les bateaux étrangers.
J’ai été à Las-Palmas, Lisbonne, Italie. En 1973, je touchais un salaire de
20000fcfa (12000um) comme navigateur. Quand j’ai laissé la navigation, je suis
resté à Nouadhibou avec ma famille pour continuer le métier. Maintenant le
métier à pratiquement changé, avant le poisson n’était pas chère par rapport à
aujourd’hui.
Saluant le travail du poste de la DSPCM de n’Diago, il déclare
« On a remarqué aussi que les gardes cotes de la DSPCM font un travail
remarquable depuis quelques temps. Les bateaux industriels n’osent plus
s’aventurer dans nos cotes grâce à la DSPCM , alors qu’ils étaient nombreux à
piller nos ressources. Pour la sécurité et la surveillance des cotes, On demande
au gouvernement d’y associer les fils du village, car ils connaissent la mer,
mieux que quiconque. »
Cependant, Assane Saliou Dièye n’a pas manqué lui
aussi, de déplorer leurs conditions de travail « Nous avons un problème pour
acheminer nos produits à Nouakchott. Nous n’avons pas une route directe qui
relie Nouakchott à Ndiago. Sans la glace, les pêcheurs ne peuvent pas profiter
des ressources de la mer. »
Envoyé spécial à Ndiago Dialtabé