mercredi 4 janvier 2012

Journée plage propre : « On devait nous encourager et pas nous décourager »

Lieu crucial pour le débarquement et la vente des poissons, la plage des pêcheurs baigne entre marée haute et insalubrité toute l’année. Pour rendre les lieux propres, l’Union des coopératives le « Mool » compte organiser une journée de nettoyage le 25 décembre 2011.
Les pêcheurs vont encore descendre sur leur terrain, un mois après leur dernier sit-in, tenu devant les grilles du palais présidentiel. Cette fois ci, c’est pour une noble cause, puisque leur sortie aura comme objectif de débarrasser de la plage des pêcheurs, de ses détritus et de ses vieilles pirogues qui longent la cote, selon Yali Ndiaye, président de la coopérative.

« Nous avons vu que la plage est petite et très sale. Quand la mer est houleuse, elle remporte ou détruit de nombreuses pirogues, car la cote est très exigüe. Et souvent, c’est la coopérative qui met la main dans les poches pour assister les victimes. Nous avons jugé nécessaire d’assainir la plage, enfin de le rendre plus spacieux pour éviter les catastrophes aux pêcheurs. » dira-t-il. En nombre, ils vont venir le 25 décembre, avec des pelles, des râteaux et des brouettes, pour embellir la plage, selon lui. « En fait, c’est le Directeur du marché qui devait s’occuper de cette opération de nettoyage, pas nous. On devait nous encourager et pas nous décourager comme le font les éléments de la DSPCM »martèle-t-il.

« La DSPCM doit respecter les pêcheurs artisanaux au lieu de les priver de leur boulot»
Yali N’diaye déclare que les pêcheurs mauritaniens subissent de nombreuses tracasseries de la DSPCM, depuis leur sit-in du 21 novembre dernier.

« Deux jours après notre sit-in du 21 novembre, des éléments de la DSPCM ont arraisonné 10 pirogues mauritaniens qu’ils ont fouillé de fond en comble. Après un mois de saisie, ils ont sorti un PV, reprochant aux accusés, d’avoir embarqué sans licence de pêche avec en plus, un équipage étranger. Ce qui était totalement faux. Comme punition, ils ont infligé des amendes aux incriminés. Des sommes allant de 150.000um à 25000um. Cette décision n’est rien d’autre que pour tuer le secteur ou pour nous punir. », dira-t-il.
Brahim Gaye, porte parole de la coopérative des pêcheurs raconte « Quand nous avons rencontré le ministre de la pêche lors de notre sit-in, il nous avait mis en relation directement avec le Chef de la DSPCM qui avait promis de travailler en collaboration avec nous, mais apparemment, on dirait que ses ordres ne sont pas respectés par ses hommes. La DSPCM doit respecter les pêcheurs artisanaux au lieu de les priver de leur boulot. » ajoute-t-il.

Pour sauvegarder les ressources halieutiques du pays, Yali N’diaye déclare que les pêcheurs comptent toujours sur les promesses du ministre de la pêche, ainsi que sur la collaboration de la DSPCM. Pour la réussite de cette journée de nettoyage, les pêcheurs artisanaux comptent enterrer la hache de guerre. Pour cette journée de bienfaisance, ils appellent les bonnes volontés, le ministère de la pêche, la DSPCM de venir se joindre à eux.

Pour rappel, plus de 300 pêcheurs artisanaux, avait battu le macadam des grilles du palais présidentiel le 21 novembre 2011, pour demander l’intervention du Président de la République
Dans leurs griefs, les pêcheurs demandaient l’éradication du mono-filament qui selon eux continue plus que jamais de faire des ravages dans le milieu aquatique, à cause de l’irresponsabilité de personnes « intouchables » qui, emploient des étrangers au détriment de l’intérêt national.
Ils demandaient aussi la sécurité sur la plage et dans les eaux maritimes, car selon eux leur matériel est souvent volé. Ils exigeaient de l’Etat, l’implication des pêcheurs dans la gestion des affaires liées à leur profession et l’élargissement de la zone de débarquement réservée à leurs embarcations.
Dans leur revendication, l’Union des Coopératives des pêcheurs « le Mool » membre de la fédération libre de la pêche artisanale, réclamait aussi une meilleure gestion des ressources halieutiques et l’arrêt de l’importation du mono-filament, son utilisation et sa vente dans les magasins.

Dialtabé

Source: Le Quotidien de Nouakchott

Les pêcheurs mauritaniens de la coopérative de pêche artisanale "Le Moole" détruisent leur mono-filament et incitent le gouvernement à interdire son importation et sa vente

Les pêcheurs mauritaniens semblent déterminés à accompagner leur gouvernement qui a interdit le fil de pêche mono-filament dans la capture des espèces halieutiques dont la prohibition s’est toujours limitée à de simples amendes contre ceux qui l’utilisent. Et, pour donner un signal fort aux pouvoirs publics, ils ont rassemblé, au matin du 8 août 2010, au Port de la pêche artisanale de Nouakchott, tous les mono-filaments qu’ils avaient en stock pour les brûler et montrer ainsi le bon exemple.
"Aujourd’hui, il n’y a personne qui ignore la dangérosité des mono-filaments. Tous les pays y compris la Mauritanie interdisent leur utilisation. C’est dans cette optique que nous avons décidé d’emboiter le pas au gouvernement en brûlant des ballots de mono-filament que nous, pêcheurs, avions toujours recouru pour pêcher. Et, nous dénoncerons quiconque l’utiliserait. Actuellement, nous avons pris conscience de ses méfaits", a déclaré Yali FALL NDIAYE, président de la Coopérative de pêche artisanale "Le Moole".
La Mauritanie est considérée comme étant l’une des côtes les plus poissonneuses au monde, ce qui a pour conséquence, entre autres, d’attirer des pêcheurs étrangers. Face à la surexploitation industrielle et artisanale qui utilise des fils de pêche mono-filament, les ressources halieutiques du pays sont en train de s’acheminer petit à petit vers leur épuisement. D’où ce combat des pêcheurs mauritaniens dont la survie dépend de la mer qui ont appelé leur gouvernement à tout bonnement et simplement interdire l’importation et la vente des mono-filaments qui ont déjà fait des ravages dans des pays comme la Sierra-Léone ou la Guinée Bissau.
Eviter l’irréparable pour sauver nos ressources halieutiques
Et, pour éviter qu’une pareille situation ne se produise en Mauritanie, les pêcheurs ne comptent pas y aller de main morte pour mener la guerre contre l’utilisation de mono-filaments et démasquer ceux qui les introduisent chez nous.
"Il est temps qu’on dise stop aux modes de pêche qui sont nuisibles comme l’utilisation du fil de pêche mono-filament. Nous demandons aux pouvoirs publics de nous aider à éradiquer cette pratique de pêche qui est interdite mais qui, malheureusement, continue à être faite clandestinement par certains pêcheurs mauritaniens et étrangers", a expliqué, pour sa part, Mass SARR.
Il poursuit : "Les méfais du mono-filament, c’est qu’une fois accroché au rocher, il va continuer à pêcher sur une longue période. Et, tout poisson qui a été piégé par ce mono-filament va pourrir et chasser les poissons. Il n’y aura plus de poison qui va passer dans cette zone-là. Petit à petit, nos zones seront détruites et à la longue, c’est toute la Mauritanie qui va souffrir du mono-filament. Si, nous ne protégeons pas la mer, c’est à notre détriment. Donc, nous sommes les premiers éléments qui doivent être au devant de ces problèmes-là pour essayer de trouver des solutions."
Renforcer les outils de contrôle
C’est donc clair que les ressources halieutiques sont lourdement menacées de mauvaise exploitation voire d’extinction du fait d’un mode de pêche nuisible. Ceci est d’autant plus vrai qu’elle laisse des séquelles à long terme qui vont, à leur tour, détruire notre écosystème marin. Cependant, force est de constater que ce combat manque une jambe car la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer (D.s.p.c.m.) n’est pas suffisamment outillée pour contrôler les pêcheurs et permettre ainsi une exploitation rationnelle et durable des ressources halieutiques.
En conséquence, les pêcheurs qui ont indiqué qu’ils vont accentuer la mobilisation et la sensibilisation autour de la question du fil de pêche mono-filament ont appelé le gouvernement à renforcer les outils de contrôle de la D.s.p.c.m. en terme de patrouilleurs hauturiers, d’embarcations, de stations radars, de postes côtiers…"Nous voulons que la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer nous associent à ce contrôle", plaide Hassane DIEYE de la Fédération Libre de la Pêche Artisanale (F.l.p.a.).
"Les côtes mauritaniennes sont vastes et la D.s.p.c.m., à elle seule, ne peut pas lutter contre l’utilisation des mono-filaments. La D.s.p.c.m. ignore certains systèmes de pêche que nous connaissons. C’est pour cette raison qu’on demande à être associés afin qu’on l’aide à renforcer son contrôle", indique Brahim GAYE.
Une lutte certes difficile mais pas perdu d’avance
La lutte contre l’utilisation du mono-filament pour capturer des espèces halieutiques s’annonce déjà difficile car les pouvoirs publics n’ont pas encore réussi à mettre à terme l’importation et la vente de ce fil de pêche et les amendes sont loin d’être dissuasives. Néanmoins, les pêcheurs ont déclaré que, désormais, ils vont bouter en dehors de la Mauritanie le mono-filament.
"Nous sommes prêts à aller à jusqu’au bout et à dénoncer ceux qui utilisent les mono-filaments, affirme Bouna Sall. Vous avez vu aujourd’hui, nous avons brûlé tous nos mono-filaments. Nous disons qu’on n’acceptera plus jamais qu’on les utilise dans notre pays. Sinon, d’ici, quelques temps, on n’aura plus de poissons."
Aujourd’hui, à côté de l’utilisation du mono-filament, des pêcheurs utilisent des engins de pêche qui ne sont pas autorisés, se cachent derrière des licences expirées et souvent rentrent dans des zones de pêche qui sont interdites.
"Les pêcheurs contournent de manière inconsciente les lois. Ils ont énormément payé d’amendes. Ils savent que le mono-filament est interdit en Mauritanie mais ils arrivent toujours à faire des acrobaties pour utiliser le mono-filament nonobstant le fait qu’on les traque sans relâche", édifie Sidi Mohamed NEMANE, chef de l’antenne de la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer (D.s.p.c.m.) de Nouakchott.
Babacar Baye NDIAYE
Source: Le Rénovateur Quotidien